Projet d’extension de l’Aqua Domitia : Le désir général d’usage de l’eau du Rhône pour l’irrigation du pourtour méditerranéen
La sécheresse qui affecte le pourtour méditerranéen entraîne la mise en place de solutions alternatives pour pallier le manque de pluie dans certains départements. C’est dans ce contexte que l’Aqua Domitia a été créée, un abducteur d’eau brut permettant d’acheminer l’eau du Rhône vers les régions de l’Hérault et de l’Aude, qui souffrent régulièrement de sécheresse. Face à l’expansion de la sécheresse, il est maintenant envisagé d’étendre ce réseau jusqu’à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales.
Un acheminement d’eau pour prévenir les risques de sécheresse
L’objectif principal de l’Aqua Domitia est de prévenir les risques majeurs liés au déficit de précipitations dans les départements de l’Hérault et de l’Aude. En temps de sécheresse, cela permet d’éviter les coupures prolongées d’eau, les restrictions d’utilisation sévères et le déclin de l’agriculture régionale. L’eau du Rhône est prélevée à Fourques, dans le Gard, puis acheminée via un abducteur sur une distance de 140 kilomètres jusqu’au Minervois, près de Narbonne, couvrant ainsi une partie du territoire situé entre le Gard et l’Aude.
La distribution de l’eau du Rhône se répartit entre différents usages, dont 40% est destiné à l’eau potable, 40% à l’irrigation agricole et 20% à des volumes de substitution permettant de limiter les prélèvements dans des milieux aquatiques vulnérables.
Les Pyrénées-Orientales ont besoin d’un apport d’eau supplémentaire
Les ressources en eau locales des Pyrénées-Orientales semblaient jusqu’à récemment suffisantes pour répondre aux besoins en eau du département à moyen terme. Cependant, la forte croissance démographique de la région et l’intensification de la sécheresse mettent en évidence la nécessité d’un apport d’eau supplémentaire. Les autorités locales réfléchissent donc à l’extension de l’Aqua Domitia jusqu’aux Pyrénées-Orientales.
En effet, le département des Pyrénées-Orientales souffre d’un manque de précipitations depuis plus de deux ans, et même les pluies qui sont tombées en mars dernier n’ont pas réussi à combler le déficit en eau. Les nappes phréatiques de l’Hérault sont proches de la moyenne, tandis que celles de l’Aude et des Pyrénées-Orientales sont encore à un niveau très bas.
« Tout le monde veut l’eau du Rhône », mais tout dépend du volume prélevé
L’extension de l’Aqua Domitia soulève des débats, notamment de la part d’associations écologistes qui s’opposent à cette utilisation de l’eau du Rhône. Il est nécessaire de prendre en compte la diminution du débit du Rhône ces dernières années, ainsi que la réduction de l’enneigement dans les Alpes suisses, qui constituent une source d’eau importante pour le fleuve.
L’utilisation de l’eau du Rhône pour l’irrigation des vignobles et d’autres cultures fait l’objet de nombreux enjeux et intérêts. Le groupe BRL, responsable du prélèvement de l’eau du Rhône, souligne que le volume prélevé représente seulement 0,3% de l’eau qui s’écoule dans le fleuve, et qu’avec un nouveau projet d’extension, l’impact resterait limité.
Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre la demande d’eau pour l’irrigation et la préservation des ressources en eau du Rhône, en limitant les pertes et les fuites, ainsi qu’en favorisant une utilisation plus efficiente de l’eau.
L’exceptionnel devient la norme, il faut donc changer d’approche
Face à l’évolution climatique et à la multiplication des sécheresses, il est nécessaire de changer d’approche dans la gestion de l’eau. L’extension de l’Aqua Domitia s’inscrit dans cette perspective, en passant d’une gestion de crise lors d’épisodes de sécheresse exceptionnelle à une gestion adaptée au changement climatique.
Cela implique de repenser les usages de l’eau et de promouvoir une culture de l’efficacité hydrique, en recherchant la meilleure utilisation possible de l’eau pour satisfaire les besoins. Il est important de trouver un équilibre entre les différents acteurs et enjeux liés à l’utilisation de l’eau du Rhône, dans le respect de l’environnement et de la préservation des ressources en eau.
